La journée commence par des retrouvailles à la station BP sur l’A 104, direction Roissy vers 9h du matin.
Thierry Galoux notre « Road Captain » nous attend, avec dans la tête, un trajet de run finement ciselé, grâce à un logiciel GPS spécialement adapté aux motards, et dont je n’avais jamais entendu parler jusqu’à lors.
Un petit café, deux trois mots échangés avec les ami(e)s, et c’est le moment d’appuyer sur le démarreur.

Nous filons ensuite vers l’Est sous un soleil montant, et bien lui en prend, car la température était encore limite frisquet ce matin-là vers 7h.
Nous passons Roissy et les premiers villages de Seine-et-Marne se profilent avec leur « MAIRIE- ECOLE », qui nous rappelle une époque, pas si lointaine, où ces deux structures laïques coexistaient dans un seul bâtiment.
Entre deux villages, des champs de maïs coupé se dessinent, ou, ce sont des sols labourés, prêts pour les prochaines plantations, dans lesquels quelques corbeaux solitaires arrachent à la terre une maigre pitance.
Plus loin, à l’entrée d’une commune, au-dessus d’un étang, un héron termine son vol par un magnifique plané, pour venir se poser avec légèreté, sur un rocher affleurant la surface de l’eau. Enfin, dans un pré à l’herbe grasse et bien verte, quelques moutons se régalent tranquillement.

Mais tout n’est pas paisible, dans un autre village c’est un homme qui retient du mieux qu’il peut, un molosse dressé sur ses pattes arrière, aboyant agressivement lors du passage de nos motos.
Une autre fois, ce sont des chevaux blancs qui partent au galop dans un pré, en entendant les pétarades de nos montures.

Le plus souvent, lors des traversées de bourgs, nous recevons les regards souriants, voire même les saluts des gens présents, grands et petits. Et c’est avec plaisir que nous leur retournons leur salut, d’une main levée.

Dans la vision de ces animaux de ces hommes, il y a un lien qui se profile et dont je ne vois pas immédiatement l’origine. Elle apparaîtra plus tard… Une petite indication : nous sommes sur les terres d’un poète célèbre.

Mais revenons au présent. Je roule en serre file et devant moi se trouvent, Sarah à gauche et Mimi à droite. J’ai l’impression d’être dans un fauteuil d’orchestre philharmonique. Les pots d’échappement de leurs motos me jouent la Valkyrie de Wagner, version biker. Ce sont les grands orgues du son “Potato”. Chaque accélération de leur part est un bonheur pour le mélomane des tonalités rauques que je suis, car elle fait vibrer mes os et me décolle les tympans !

Petit stop vers 11 heures le long de la rivière du Grand Morin pour un biscuit offert par Thierry, et ça repart.
Les villages défilent. Très beau passage dans la campagne avant d’arriver près de Montmirail. Point d’apparition des visiteurs à cet instant, ils sont certainement déjà repartis pour une autre époque…


Il est près de 13h30 quand nous garons les motos en haut d’un pré à Montigny Les Condé, et c’est là que m’est donnée l’explication de ce que j’avais remarqué dans la matinée (animaux et hommes). En fait, nous sommes sur les terres d’un poète célèbre, Jean de La Fontaine, et au niveau du lavoir voisin du pré, se trouve affichée une fable : « Le loup et le chien ».

Pourquoi cette fable ici ? Un panneau d’information proche indique qu’il s’agit d’une étape d’un jeu-parcours, qui en comprend huit, avec des réponses à collecter à chaque étape sur différentes fables de ce poète.
La Fontaine est né en 1621 à Château-Thierry et est mort en 1695 à Paris. Il est enterré au cimetière du Père-Lachaise.


La morale de cette fable et qu’il vaut mieux être pauvre et libre que riche et esclave. Plus subtilement, la question est : en échange de la sécurité et du bien-être faut-il sacrifier sa liberté ? En tout cas, nous ne sommes pas prêts de sacrifier notre liberté de bikers, et serions plus du côté du loup que du chien !

En image ci dessus, la fuite du loup à la fin de la fable.

Après un bon sandwich, vient l’heure de la sieste -ou d’un moment de réflexion- allongé, les yeux fermés.


Une fois reposé, j’apprécie l’étendue du paysage campagnard qui s’offre à nous, sous un plein soleil.

 

À trois enjambées, se trouve une petite église et son cimetière, figés dans le temps depuis des siècles, et pour encore beaucoup d’autres.

Mais il est temps de lever la béquille pour aller découvrir d’autres lieux, et faire une incursion en Champagne. Là, ce sont des étendues de vignes à perte de vue, qui nous attendent de part et d’autre de la route, occupant l’ensemble des coteaux, jusqu’à la cime. Et c’est un dégradé de vert, en fonction des vignobles, qui colore l’espace. Hum…une petite coupe serait la bienvenue pour profiter du moment !

Le retour par Château-Thierry se fait en longeant la Marne.
Juste à la sortie de le ville natale de La Fontaine, nous faisons un stop au Mémorial de la Grande Guerre…

Il fut inauguré en 1933 et bâti en souvenir de l’offensive de Berthelot du 18 juillet 1918 lors de la Seconde bataille de la Marne.
Cette offensive reposait sur 16 divisions dont deux italiennes et 3 américaines. Pour mémoire, une division comprend au minimum 10000 hommes et peut aller jusqu’à 30000 hommes.
Photos de notre groupe devant le monument avec les motos, et derrière sur les escaliers. L’endroit est paisible maintenant et c’est tant mieux !

Rappelons que cette guerre a fait entre 8 à 10 millions de morts, rien que parmi les militaires, selon les différentes estimations. Une boucherie !

Nous ferons une dernière pause près de la Ferté-sous-Jouarre, histoire de prendre une collation en commun, avant le retour et la séparation.
Ce retour se passera tranquillement et je quitterai mes derniers amis à Meaux pour rejoindre d’autres routes de campagne, bien agréables, et revenir ainsi près de Baillet en France.
Cette balade symphonique (merci Sarah et Mimi) avec Thierry et les ami(e)s, sur les terres de Monsieur Jean de La Fontaine fut un régal.
On pourrait l’appeler aussi la « balade aux cent villages », tellement ceux-ci furent nombreux.

En tout cas, je suis prêt à repartir immédiatement, pour découvrir les 7 autres étapes- non vues- et certainement « fabuleuses », du parcours des fables !

Grand Merci Thierry pour ces moments de bonheur et félicitations pour ton travail de « Road Captain », avec cette première sortie réussie.

À bientôt à tous.

Didier Manchon « Historian ».

 

Grande gratitude également aux différents photographes de cet article…hou là, un « visiteur » m’inspire !