Départ de la station Esso sur l’ A15 ce dimanche matin par un temps clément mais quand même un peu frisquet , le mercure affichant 12 degrés.

Retrouvailles rapides avec les potes et Stéphane Ricard, à la fois Road Captain (en remplacement de Jean-Marie parti vivre en province, à l’origine de l’idée de ce run) et responsable sécurité , nous indique les mesures barrière qui vont nous permettre d’effectuer cette sortie en toute tranquillité :

Respect des distances de sécurité entre nos montures,
Pas de bisous entre motos pendant le run,
Pas d’ingestion de liquide hydro alcoolique chez les pilotes avant de partir !


Une fois ces précisions posées et admises, c’est le départ des bientôt 27 motos, je dis bientôt car quelques motos vont nous rejoindre un peu plus loin sur le parcours . En tout, nous serons 44 participants.

Direction Muchedent, une petite commune du nord de la Normandie près de Dieppe.
Très vite nous quittons l’ A15 pour retrouver les petites départementales, passer par Gisors Forges-les-Eaux, Gournay-en-Bray, etc…
En moins d’une heure, nous sommes dans l’ Eure. C’est en effet un parcours d’un peu plus de 150 km qui nous attend, aussi, il ne faut pas chômer, car nous devons être à 10 heures sur place.

Bientôt dans les villages apparaissent les premières maisons à briques rouges. La route est agréable, mais je suis parti un peu léger au plan vestimentaire. Le froid me gagne et dans ce cas-là, je ne connais qu’une solution, écouter une musique qui déchire bien, telle que celle du groupe Clutch (Electric Worry) et l’envoyer à fond dans les enceintes de la Street Glide, afin de réveiller le loup qui sommeille dans le biker. Après la plaine, en approchant de Dieppe, le paysage devient vallonné. Nous traversons de petites forêts et la quinconce du convoi laisse place à une longue file indienne de motos, dont l’acier et les chromes de Milwaukee lancent des éclats de lumière avec les premiers rayons du soleil.

Beau souvenir que de voir dans les rétros, ce sinueux ruban de Harleys, s’étirer dans le paysage. Nous arrivons tout doucement près du but prévu et pas de doute là-dessus, Stéphane a mené ce convoi de main de maître.
Pascal Dagland, Didier Chevallier, Éric Gaudin ont joué les Safety voltigeurs et assumé la sécurité aux carrefours pour notre tranquillité. Nous avons circulé dans du beurre, sans danger aux points sensibles.L’arrivée se passe sous un soleil éclatant auprès des tipis multicolores d’un village indien, l’ensemble dans un cadre de collines verdoyantes. L’endroit est vraiment atypique !

Nous sommes pris en charge ainsi que d’autres visiteurs par Corinne, une jeune femme brune à la voix rauque. Elle nous emmène voir les loups…j’ai bien dit « les ».

On dénombre trois espèces différentes : les loups gris (européens), les blancs (de Sibérie) et les loups noirs (américains ou canadiens).
La première meute est de type européen, loup gris. Elle nous explique le fonctionnement de la meute avec donc le couple Alpha dominant, les couples Beta et Gamma subalternes. Tout le groupe est hiérarchisé, vit dans des terriers dont l’ouverture est face au vent afin de recueillir au mieux les informations venant de l’extérieur.

Nous découvrons ensuite des meutes de loups blancs ou loups arctiques, magnifiques dans leurs postures, puis des loups noirs également impressionnants.

Corinne nous explique ensuite comment nommer les loups en fonction de leur âge.

Mais avant la naissance, d’abord la phase de reproduction. C’est la période où le mâle alpha fait des louping avec Madame !
Si jamais la grossesse de la femelle n’aboutit pas, c’est un “loupé”. Si elle aboutit c’est un loupiot et à l’adolescence c’est un loubard. Véridique !


Une fois notre information faite sur le blase et les coutumes de ces bestiaux, tels des loups affamés, nous passons à table dans un magnifique et gigantesque chalet canadien, ou les trophées muraux de tête de bisons de cerfs ne manquent pas, associés à des descentes de « loups ».

Le repas fut jovial et bon, une fois de plus, et le café le bienvenu avant de repartir à la découverte des autres surprises que nous réservait ce parc.


Pour ce faire nous montons à l’arrière de camions Renault 4 X 4 aux couleurs militaires, équipés de deux bancs installés dans la longueur, dos à dos. Ces bancs peuvent recevoir une dizaine de personnes en tout et chaque camion tire une remorque présentant la même disposition des sièges. En avant la balade !

Dans la première prairie nous allons à la rencontre de daims qui restent tranquillement allongés dans l’herbe, malgré notre arrivée plutôt bruyante. Daniel notre conducteur et guide descend alors de la cabine, pour venir nous expliquer de face, la vie des animaux et nous poser des questions à leur sujet, histoire de nous stimuler.
Heureusement parmi les visiteurs de la remorque, il y a des enfants, car notre groupe de vieux mâles motorisés n’est pas toujours très brillant pour répondre à ses d’interrogations, surtout après déjeuner… On va dire que c’est la fatigue d’un lever aux aurores.

Après les daims, Daniel nous annonce « et maintenant, direction Jurassic Park ! ».

Bon, j’espère que les dinosaures ont été informés des mesures barrières…

Évidemment ce ne sont pas les dinosaures, mais plutôt des bisons qui apparaissent devant nous dans les prés. Ils sont environ 400, de types Canadiens et très vite on identifie assez facilement les grands mâles dont le poids peut aller jusqu’à 1400 kg.
Il y a beaucoup de petits de couleur rousse et avec le réchauffement les femelles peuvent avoir jusqu’à deux portées par an. Nous recevons moultes informations sur les habitudes et les règles hiérarchiques de cette espèce. Daniel nous présente ça sous une forme très humoristique et un jeu de questions-réponses. La drague de la bisonne envers le nouveau mâle dominant restera dans les mémoires !
Nous apprenons ainsi que la fidélité de ces grosses bêtes n’est pas leur fort et que les mâles s’affrontent chaque année pour garder leur droit de reproducteur.

En temps normal, les mâles adultes sont plutôt lymphatiques, mais ils se montrent quelquefois sournois, chargeant l’intrus sans crier gare et reculant rarement. Les Indiens savaient qu’il fallait se méfier des mâles à la queue dressée, signe d’excitation, de colère ou de rut…(toute ressemblance avec… bon, on oublie !)

Comme chacun sait, le bison est futé ! (facile, je sais !)

 

Nous quittons la zone où prolifèrent ces bêtes impressionnantes pour découvrir un pré à l’écart où vivent une centaine de cerfs et de biches avec leurs faons. Ils sont relativement sauvages et seul un grand cerf aux bois très développés a le courage de s’approcher quand Daniel lui jette de la nourriture. Les autres ont tendance à fuir vers la limite du pré. Quelques infos sur les relations sexuelles des cerfs me tombent dans l’oreille, dont cette question: comment appelle-t-on un cerf après la période du rut, réponse: un cerf vidé ! Quant aux biches, leur coté attirant peut se discuter, si l’on sait que lorsqu’elles sont prêtes pour les loopings, leur fourrure est infestée d’insectes, pue l’urine et leur cerveau au stade de celui du lombric… Vous avez dit “ma biche”, à votre compagne ?

Après 1h30 de cette balade au cours de laquelle nous avons assisté à un « one-man-show » de Daniel, nous revenons à l’entrée du parc en regrettant que ce soit déjà terminé. Une petite pause de transition ensuite et à 16h 30 Stéphane reprend la tête du convoi pour le retour vers Cergy.


Ce fut vraiment une belle et divertissante journée. Il nous fut donné à voir des animaux étonnants sur lesquels nous avons beaucoup appris, de façon ludique.

Un grand merci à Jean-Marie pour cette idée et à Stéphane notre Road Captain, pour sa maîtrise et son contrôle du convoi, ainsi qu’à toute l’équipe sécurité qui a fait du bon boulot.

Vivement la prochaine sortie !

Didier Manchon « Historian »

 

Remerciements également à tous les photographes de cet article.