Nous avions des fourmis dans les pieds il nous démangeait de titiller la poignée de gaz, après plusieurs semaines passées sans nos montures, restées à l’écurie, et nous étions heureux de nous retrouver ce dimanche matin devant la concession Passion Road à Baillet-en-France.

Ce Run, avait été organisé, un peu au débotté, sur une idée de Jean-Pierre Lefrançois ,qui , de concert avec sa trépidante grenouille préférée, avait décidé qu’il était temps de remettre ça !

Donc, le mardi qui précédait ce beau dimanche, il m’envoie un message pour m’avertir de cette douceur climatologique à venir, avec une montée du mercure, qui favorise l’adhésion de nos gommes sur la chaussée.

Je lui dis « banco », il est hors de question de ne pas faire plaisir à nos pneus, et encore moins, à tout ce qui se trouve au-dessus , ON Y VA !

Nous nous sommes donc retrouvés à 23, devant la concession et 18 motos. Nous étions tous chaud bouillants, pour jouer du sélecteur après avoir levé la béquille …Un petit coup de coude à tout le monde, beaucoup de sourires sur les visages, ça faisait si longtemps qu’on ne s’était pas revus en vrai !

Vincent salue la motivation de tous les présents et apprécie cette bonne énergie qui nous anime, dans ce Chapter.

Premier briefing de l’année, pour, dans un premier temps remercier le nouveau bureau du travail effectué depuis sa reprise en main et sa relance pour l’année 2021.

Grand merci donc à Vincent, Thierry et Olivier qui se démènent tous les jours pour nous offrir de belles sorties, et quelques événements si possible, dans le contexte actuel.

Le briefing se poursuit par des rappels de sécurité, effectués par Christian, Safety. Vincent est également Safety et j’enfile le cuir du Road Captain. Je termine en expliquant un peu le plan de route, tout en rappelant également des consignes fondamentales pour notre bien à tous : pas de bisous entre les motos et pas d’ingestion de liquide hydro-alcoolique chez les pilotes, ces liquides étant réservés aux mains…

Premier arrêt à RARAY, j’ai trouvé que l’endroit portait un nom facile à retenir pour un premier stop !

 

Mais auparavant, passage par Chantilly, à proximité de l’esplanade du château ou flotte l’esprit du Grand Condé, puis nous filons vers Senlis, dont nous traversons le cœur de ville, empruntant ses étroites ruelles pavées, pendant que les cloches de la cathédrale sonnent à tout va…

Sur l’esplanade du Château de RARAY, nous stoppons nos bicylindres et nous nous disposons pour une photo de groupe avec la bannière du Chapter. Il y avait si longtemps qu’elle n’avait pas été sortie et c’est un bonheur de la déplier.

Découverte de ce lieu à pied, tout en imaginant les scènes de tournage du film « La Belle et la bête », réalisé par Jean Cocteau en 1946 avec Jean marais comme interprète principal. Je me souviens très bien de ce film en noir et blanc, dont les images fantasmagoriques m’avaient impressionné, et un peu effrayé, à l’époque où je l’ai découvert, au début des années 60.

Une des particularités de ce château qui appartient à la famille des La Bédoyère est l’existence de deux haies cynégétiques, représentant des scènes de chasse donc, au centre desquelles se trouve un cerf et un sanglier.

Une fois remontés sur nos fidèles machines, nous filons dans la campagne de l’Oise, traversant des villages, avant d’atteindre un autre village réputé pour son église abbatiale du 12e siècle : Saint-Jean-aux-Bois.

Mais qu’il fait bon, sentir les vibrations de nos Harley, la chaleur du moteur, l’air frais nous balayer le visage, tout en découvrant les plaines et les vallons environnants .Les bonnes sensations, reviennent, et avec elles, un peu de cette liberté qui nous manque tant par ailleurs !

Nous arrêtons nos destriers derrière l’église de Saint-Jean, dans un petit parking, pour sortir nos pique-niques, car l’heure de la restauration est venue. Installés, qui sur des bancs, qui autour d’une table de ping-pong, nous avalons nos sandwichs tout en discutant, pendant que Nathalie fait goûter sa « tortilla » espagnole, très appréciée, a quelques-uns.

À côté de l’église, se trouve une salle capitulaire et c’est l’occasion d’une discussion sur l’origine du mot « Chapter » que nous utilisons tous les jours. En fait, la salle capitulaire, et notre Chapter, sont étroitement liés dans leur étymologie… Il y a juste quelques siècles de différence. Les anglais nous ont piqué du vocabulaire, par le passé, et nous leur en piquons aujourd’hui, peut-être un peu trop, mais ça c’est une autre histoire !

Les 2 mots viennent du nom latin « capitulum », qui a donné « chapitre » en français, pompé par les anglais, et je vous livre ci-dessous ce que j’ai trouvé sur un site web anglophone :

« Le sens de “branche locale d’une société ou organisation” (1815) vient du sens ecclésial “corps des chanoines d’une cathédrale ou d’une collégiale, membres d’un ordre religieux” (fin 14 s.), Qui semble remonter aux convocations des chanoines des églises cathédrales, au cours desquelles les règles de l’ordre par chapitre, ou un chapitre (capitulum) de l’Écriture, ont été lus à haute voix à l’assemblée. « Chapter and verse » dans son intégralité (années 1620) est une référence aux Écritures.

Initialement, les moines disposés autour du père, ce dernier commentant les chapitres du Nouveau Testament, n’avaient pas le droit à la parole. Les siècles passant, ils eurent le droit d’intervenir et donc, « d’avoir voix au chapitre ».

Une fois notre glycémie remontée, nous partons en balade à pied, dans le village, constitué de maisons basses, qui s’est développé à partir du 18e siècle, pour loger le personnel laïque de l’abbaye des moniales bénédictines.

Dans l’église, se trouve au fond à droite, un orgue magnifique à 1100 tuyaux, installé en 2015, unique en France.

Un peu plus loin, nous découvrons un petit pont de pierre à deux arches, qui ouvre l’accès à une porte fortifiée du XVI ème siècle, comprenant deux tours surbaissées. Il règne dans ce village une atmosphère de sérénité et de paix, tout y est harmonieux et calme.

Retour aux bécanes, direction Pierrefonds cette fois. Nous évoluons sur les courbes d’une route au sein d’une forêt plusieurs fois centenaire, avant d’arriver en quelques minutes à Pierrefonds.

Évidemment, quand on y arrive, ce qui impressionne, c’est la formation imposante du château se détachant dans le paysage avec ses hautes tours massives, et dont l’histoire fut souvent tumultueuse et incertaine. Pour résumer, alors qu’il était à l’état de ruine, Napoléon 1er le racheta en 1810. Ses ruines font rêver et deviennent un but de promenade. Puis Napoléon III le visite, et, sur les conseils de l’écrivain Prosper Mérimée, alors inspecteur général des monuments historiques, en confie la restauration à Viollet-le-Duc en 1857. Cette restauration qui au départ devait être modeste, se termine par une reconstruction complète à partir de 1862, pour en faire une résidence de prestige ou l’empereur pourra recevoir des hôtes de marque, et exposer sa collection d’armes.

Après avoir traversé le centre-ville, nous laissons nos montures sur un parking en face d’une boulangerie, dont le nom, est pour le moins, une habile composition, à la fois en rapport avec la profession de l’artisan, et celle du lieu : « La PETRIFONTAINE ».

Mais au fait, pourquoi ce nom de Pierrefonds ? Avez-vous vu déjà des pierres fondre ? Non, il faut chercher ailleurs la signification de ce mot, et l’enseigne de la boulangerie nous donne en partie la solution…

En 1102, le village s’appelait Petra fonte , du latin « Petra » la Pierre, et « fonte » la fontaine ou la source. Il faudrait donc pour être logique, retenir la finale « fons » qui désigne le lieu où apparait une source dont la naissance est aménagée en bassin empierré et non la terminale « fonds » comme actuellement. L’étude des environs nous apprend qu’il existe plusieurs sources autour de Pierrefonds dont certaines avaient des pouvoirs de guérison.

En conséquence, le nom de ce village devrait plutôt s’écrire « Pierrefons ».

Une fois mis de côté ces considérations étymologiques, nous partons à pied, et montons sous les murailles impressionnantes du château, jusqu’ à nous retrouver sur l’ esplanade devant l’entrée, dominant les environs, et ou le regard se promène sur presque 360 degrés .

Photo de groupe prise par une charmante dame rencontrée sur place, et nous redescendons vers le centre-ville par un escalier de pierres, ou les herbes folles, de petites primevères et des crocus nous annoncent que le printemps n’est pas très loin.

Une fois remontés sur nos destriers, nous repartons par monts et par vaux, traversons le joli village de Morienval, et filons vers Crépy-en-Valois. Nous contournons cette ancienne cité fortifiée par le nord, en longeant ses remparts, pour emprunter la route de Séry, qui serpente au sein d’un bois un peu mystérieux, dans lequel se trouvent quelques rares bâtisses anciennes. La rue des Moulins nous ramène sur la route de Senlis, mais nous quittons celle-ci un peu plus loin pour rejoindre la Fontaine-Chaalis. La, de gros vieux pavés, secouent durement nos machines et nos vertèbres, nous obligeant à ralentir l’allure, pour avancer quasiment au pas.

Une fois ce village derrière nous, c’est une forêt très dense qui nous attend, celle du domaine d’Ermenonville, et quelques étangs nous avertissent de notre arrivée dans le village du même nom.

Nous laissons nos Harley souffler, près du parc, pour déambuler à pied tranquillement, dans un environnement de maisons de la fin du 19 siècle, avant une photo de groupe devant le château.

Apres avoir remonté quelques peu la rue principale, nous nous arretons pour discuter sous le regard de Jean-Jacques Rousseau, statufié à jamais.

 

Avant sa mort en mai 1778, Rousseau fut l’hôte pendant quelques mois du marquis de Girardin. Ce dernier, mettant à profit les formes heureuses du terrain, dessina le parc selon les principes qu’il a donné lui-même dans son traité « De la composition des paysages ». Il avait su partout marier l’art à la nature sans jamais étouffer celle-ci. A la belle saison, le marquis aimait inviter des musiciens pour des concerts, tantôt dans les bois, tantôt sur le bord des eaux ou sur les eaux mêmes…

 

Mais, cette belle journée se termine doucement et il est temps de quitter les siècles passés, avant de nous séparer, pour un retour vers la concession par d’autres petites communes telles que Mortefontaine, Plailly ,etc…

Aux revoirs, sourires, coups de coude, et nostalgie d’un temps qui passe trop vite, nous chevauchons une dernière fois jusqu’ à nos demeures respectives.

Mes remerciements aux deux Safety, Christian et Vincent qui ont garanti la sécurité de ce Run.

Merci également à tous les photographes de cet article.

À bientôt les amis pour de nouvelles balades, biz,

 

Didier Manchon « Historian »