Cela faisait quelques jours que l’été venait de faire une entrée tonitruante, avec des records de température en ce début de saison, quand nous nous retrouvâmes sur l’ A 6 pour le « grand départ » vers Valloire, ce jeudi matin 27 juin après avoir parcouru, entre deux files, des kilomètres d’embouteillages monstres autour de PARIS, les normes antipollution en étant la cause… !

Embrassades, un bon café et nous reprenons nos montures pour un trajet d’environ 450 kms qui doit nous emmener à Aix-les-Bains par l’autoroute pour l’essentiel, par la route, en final, sous une chaleur torride aux environs de 35 degrés…
Au bout d’une centaine de kilomètres, mon crâne commençait à me picoter du fait de l’électricité statique accumulée sous le casque…
Les roues de la moto avaient tendance à s’enfoncer dans le macadam en cours de liquéfaction et mes gants étaient en train de se décomposer sous la chaleur des poignées… Vient le moment du ravitaillement de nos chevaux assoiffés.

Jo nous arrête dans une station-service en travaux avec des trous et des tranchées un peu partout. Non loin, des camions militaires sont stoppés. Tout cela sous un cagnard terrible, on se serait cru à Beyrouth ou en Afghanistan….
Nous repartons courageusement après une réhydratation copieuse et lors de la traversée de la Bourgogne, une douce somnolence m’envahit.Je regarde au bord de l’autoroute les grandes éoliennes nous saluer de leurs gigantesques bras balayant l’air, nous les Don Quichotte du V-Twin, qui filons vers le sud…

Mirage…


Enfin, un peu liquéfiés, les vêtements zébrés par endroit de marques blanches, dues au sel de notre sueur, nous arrivons à l’hôtel Villa Marlioz, une très grande construction à la silhouette découpée par de nombreux balcons donnant sur de confortables chambres. Installation rapide et nous nous retrouvons au seul lieu intéressant pour l’heure, la piscine!


Nous étions déjà dans l’eau quand Michel fait une arrivée remarquée sur le bord avec, à ses pieds, ses chaussures de moto…
Mais ça, le maître nageur ne l’avait pas noté. C’est quand il a sauté dans l’eau tel un camion de 30 tonnes, que le gardien du lieu l’a tancé et examiné de haut en bas. Alors, il a pu constater, que notre Michel, portait un short de bain beaucoup trop long, ce qui était également interdit et a sommé Michel de le retirer. Vu l’air sévère de l’imperator aquatique, notre Michel, craignant de recevoir une déculottée, le prend de vitesse en retirant tout simplement l’objet du litige, se retrouvant ainsi dans le plus simple appareil, au milieu de tous, avec un groupe de femmes à proximité en cours d’aquabiking… Cette réaction de notre Adam n’eut pas l’heure de plaire à notre maître nageur et encore moins de le calmer. Après quelques échanges verbaux soutenus et riches en testostérone de part et d’autre, nous sommes sortis de la piscine pour discuter ensemble sur les transats et les vagues qui avaient envahi la surface de l’eau sont retombées…

Séchage et direction l’apéro en extérieur, avec champagne offert par Jean-Paul, pour fêter sa dernière conquête à quatre roues et passer ainsi un très bon moment de détente.

Ensuite, direction les bords du lac du Bourget, au grand port d’Aix-les-Bains, pour un dîner sympa et rafraîchissant au « Bistrot du Port » , le lac venant climatiser l’endroit.

Dès le premier soir, et pendant tout le séjour, j’ai été saisi par le contraste naturel qui existe entre les lacs et les montagnes les environnants. Tout les oppose. Les lacs sont calmes et sereins, les montagnes sont puissantes, majestueuses, et présentent des contours déchiquetés, tourmentés.
Les premiers sont linéaires, horizontaux, les montagnes irrégulières et verticales. Enfin la clarté des eaux vient en contraste avec la masse sombre de ces grandes ombres penchées sur elles…Les lacs et leur eau ont un côté féminin et les monts un côté masculin. Ils sont un couple parfois serein, parfois agité, comme tous les couples…

La nuit balaie notre fatigue de la veille et nous reprenons nos bécanes en direction d’Annecy, y régler à la concession un problème de sélecteur sur la « chaise roulante » de Jo. En fait, je ne vous ai pas dit mais la HARLEY de Jo a subi quelques transformations du côté du train arrière juste avant ce Run. Elle s’était parée pour l’occasion d’un nouvel appendice caudal flanqué de longues sacoches noires, filant à ras du sol, couvrant les pots d’échappement. L’ensemble m’évoquait la traîne noire d’une robe de mariée gothique. D’autres ont pensé à une chaise roulante!

Allez comprendre l’imagination de chacun !!!

Pendant que Jo laisse sa nouvelle partenaire à l’atelier mécanique de la concession, nous avons loisirs de nous y promener. C’est une splendide concession avec un grand hall où sont exposés plus de 100 motos. Nous y sommes très bien accueillis et après un examen des modèles HD proposés, je me trouve naturellement attiré par une vieille machine de 1918, d’un blanc étincelant, trônant au milieu des autres sur son piédestal, dans un état plus qu’impeccable!

Sur le plan peinture, les contours du réservoir, la fourche Springer, sont par endroits soulignés d’un filet bleu. C’est une Harley-Davidson 1000 J, avec un V-Twin de 999cc fabriquée à 15000 exemplaires pour l’armée de l’Oncle Sam lors de la guerre 14-18. Lorsque leur production cessera en 1929, c’est plus de 85000 Harley model J et JS qui auront vu le jour.

Pour revenir à la concession, fief du « Alpes Spirit Chapter », le bar en verre et les déco environnantes symboliques des routes américaines sont une splendeur. De nombreux objets sont dédiés à l’univers Harley : chaînes, réservoirs, casques, pistons…

Aux murs, des enseignes lumineuses au néon, riches en couleurs pétantes et contrastées, évoquent les façades des fast Food bordant les routes du pays au drapeau étoilé.

La belle de Jo étant remise sur pied, nous repartons pour la plage de Talloires afin de nous rafraîchir dans l’eau du lac d’Annecy et de piquer quelques plongeons avec Jean-Paul.

Ce qui me fait penser que je ne vous ai pas parlé de sa conduite sur autoroute… Vous êtes en train de rouler très tranquillement en convoi, aux environs de 120 km/ heure, quand soudain, une météore noire, non prévue ni annoncée par les laboratoires d’astronomie, déboule sur votre gauche et disparaît la seconde suivante! Ce n’est que plus tard, au péage, que vous retrouvez et identifiez la dite météore… C’est notre ami Jean-Paul avec sa bécane biturbo propulsée, mise au point par Milwaukee et la NASA. Au début, ça surprend, et puis après, on surveille ses rétros pour ne pas être déstabilisé par l’effet de souffle…


Retour à Talloires et son très beau parc au bord de la plage. Phase de séchage, nous retrouvons à nouveau Michel en tenue d’Adam, dissimulé par la serviette d’un copain, histoire de ne pas en avoir d’autres (histoires) avec la gente locale… Nous constaterons tout au long du séjour que MICHEL aime bien tout virer au plan vestimentaire, appréciant sa tenue d’Adam, peut-être en quête d’une nouvelle Ève…


Arrivé ensuite à Valloire, en passant auparavant par le col du Glandon ( ce ne fut pas notre cas) et St Jean de Maurienne; pour y découvrir au crépuscule, une scène de spectacle ou se produisait un groupe métal déchaîné, entraînant dans sa folie des dizaines de bikers totalement excités devant des enceintes hurlantes, se heurtant les uns les autres, sous le feu des lasers et des projecteurs tournants…
En descendant la chaussée devant la scène, parcourue par la foule, on se retrouve dans « Main Street » bordée par des dizaines de stands dédiés à la gloire des dieux « Harley » et « Davidsons ». Puis on traverse « Chopper Place » et en marchant encore un peu nous nous asseyons pour dîner au restaurant « Le planter du bâton ». Ça ne vous rappelle rien?
Nous y avons dégusté, pour certains, une “Morbiflette”, à la saucisse de Morteau. C’est un plat « léger » constitué de fromage de Morbier, de pommes de terre, de saucisse comme indiqué plus haut, coupée en rondelles, sans oublier le vin blanc, les oignons, et la crème fraîche. Ça vous cale un biker dès la première assiette!

Pour circuler le soir, nous avions pris l’habitude de monter à deux sur les motos, certains ou certaines, n’appréciant pas de conduire la nuit .Patricia montait avec moi, Mimi avec Christian, Rose avec Jean-Paul, Brigitte avec Bruno, Jo avec Michel, et c’était Jo qui conduisait sa moto . Quelle ne fut pas notre surprise, le premier soir de voir Michel serrant vigoureusement le corps musclé de Jo, collé contre ce dernier en mode « Bonobo »! Faut dire que Michel ne voit pas bien de nuit et ceci explique cela… enfin, j’espère !

Pour ma part, j’avais l’impression de vivre avec Patricia une séance d’ostéopathie, car elle me tournait les épaules avant chaque virage, où me tirait les flancs pour m’inciter à freiner dans les passages difficiles!

Je sais, je suis méchant et, Michel et Patricia, vous pourrez me régler mon compte à notre prochaine rencontre….

Retour à notre résidence « le Hameau de Valloire » pour une bonne nuit. Mais réveil matinal par un bruit de “morbylette”! Un frelon asiatique s’était immiscé dans notre chambre, aussi je me suis levé très rapidement pour indiquer à l’importun, la direction du pays du soleil levant…

Petit déjeuner avec croissants et baguettes encore chauds, apportés par Jo, qu’il faut remercier. Trop bon!
Direction le centre de Valloire, la fête de la Punta Bagna et son événement du matin: la course du col du Galibier au départ de laquelle s’alignent quelques dizaines de motos originales,sélectionnées par un jury. Cette année, affluence record: les bikers sont venus de tous les pays. La France bien sûr, mais aussi l’Italie, l’Allemagne, la Suisse, l’Angleterre, et nous avons même la présence de deux Américains!

Nous assistons au départ de la course: des motos de styles très différents défilent devant nous suivies de « Hot Rod » rouillés tout droit sortis d’un arrière garage… À notre tour enfin de nous élancer à l’assaut de ce col en parcourant le verdoyant parc national des Écrins. Après avoir doublé plusieurs cyclistes, nous découvrons les premières plaques de neige et constatons la disparition des arbres autour de nous, froid oblige. Enfin, le col apparaît à 2642 m, environné de moultes motos mais aussi de cyclistes, et tous, tour à tour, prennent la pose devant le panneau routier identifiant le col.

 

En dehors de la présence humaine, ce col est un lieu étrange et fascinant, semi désertique, avec une vue exceptionnelle sur les vallées adjacentes.

 

Après quelques photos, nous descendons vers « La Grave », et je dois dire que les paysages de cette descente sont encore plus beaux que ceux de l’ascension, par leur caractère sauvage et les cascades , les torrents, qui les animent. L’après-midi, notre road Captain nous fait découvrir le lac du Chambon et son barrage avant un crochet par Bourg-d’Oisans.

Une des routes les plus belles de ce run, fut celle de la montée vers le col de Sarenne, par les gorges du même nom. C’est une petite route où il est difficile se croiser, avec des à pic impressionnants, de multiples lacets, sans protection en bordure de chaussée, demandant ainsi une vigilance maximale. Mais l’environnement, sous le soleil, est remarquable par sa splendeur sauvage et rocailleuse. Quelques centaines de mètres après le passage du col, un imposant troupeau de moutons bloquait la route et c’est placidement, que nous avons admiré le travail des chiens les guidant vers d’autres pâturages.

Arrivée ensuite sur l’Alpe d’Huez et remontée de nombreux souvenirs pour ma part. C’est là qu’à la fin des années 60, j’ai décroché mes premiers titres en ski et ce n’est pas sans une certaine émotion que j’y ai reconnu la silhouette d’une des montagnes: le Signal.

En y pensant, je trouve une similitude dans l’attaque des portes en ski et dans celle des virages en moto, lors des descentes. C’est la même préparation.

Nous repassons par le Chambon pour remonter le mont Galibier et effectuer un retour sur Valloire, afin de rejoindre notre résidence.

Mise sur la béquille des motos et course directe à la piscine, où, comme par hasard, se trouvaient les trois amis qui devaient nous rejoindre ce soir-là: Tristan, Manu et Françoise. Bises, échanges verbaux, blagues, plaisir de se revoir! Apéro sur place près des appartements, les pieds dans l’herbe, avant un excellent plat de spaghettis bolognaise préparé par Jean-Paul, sauf qu’on a failli ne pas avoir de spaghettis… Mais ceci est une autre histoire!


Dodo bien mérité sans « morbylette » au réveil et le dimanche matin, nous voilà tous sur pied pour tourner le contacteur sur « on » direction l’Italie!

Lors des premiers kilomètres, nous cheminons dans la vallée de l’Arc. Cette rivière coule comme un fil de vie entre les tenailles des imposantes montagnes plantées de part et d’autre de ses rives. Stop au village de Bonneval-sur-Arc, mais avant l’arrêt, sur le bord droit de la route, je suis surpris par la présence de petits arbres à l’habit argenté, brillants au soleil comme des pièces métalliques. Très étrange…!

Ils donnent l’impression d’être entièrement recouverts d’épaisses toiles d’araignée et plus aucune feuille ne s’y trouve. Ils sont l’œuvre des chenilles « caterpillar » qui deviendront des papillons hyponomeutes, porteurs de quelques points noirs sur leurs ailes blanches. Rare à voir et étonnant!

Mais revenons à Bonneval-sur-arc. Un des plus beaux villages de Savoie qu’il m’est été donné de parcourir, témoin de l’habitat montagnard. Il se trouve dans la partie la plus haute de la vallée de la Maurienne, niché au pied du col de l’Iseran (2770 m), dans le Parc de la Vanoise. Ses authentiques chalets en pierre, tous différents, couverts de lauzes, sont les témoins de vies rudes au milieu de conditions climatiques extrêmes. Sur le flanc des chalets sont rangés des stères de bois coupé, préparées pour le prochain hiver. Pas de route dans cette localité, uniquement des passages ou chemins qui serpentent entre les habitations. Une église de pierre, très sobre, de style roman, avec son fier clocher, se dresse au milieu du village. À côté d’elle, un panneau mural rend hommage à la famille « Blanc » qui a donné plusieurs guides de haute montagne fin 19e et début 20e, dont Pierre Blanc qui participera à trois expéditions en Inde avec son ami Charles Meade, pour tenter de gravir par trois fois le Mont Kamet , pointant à 7756 m…
Une nature rude engendre des hommes rudes et déterminés vivant au diapason de leur environnement…

Retour à nos bécanes et nous partons à l’attaque du col de l’Iseran après quelques courses pour le déjeuner. Arrivés au sommet de la route, photos, puis un temps pour que le regard se pose sur les impressionnantes chaînes montagneuses qui nous entourent, encore habillées de neige.

Nous entamons la descente vers Val d’Isère, et, en fin de convoi, les trois tours pack suivaient avec la nourriture et la boisson, tel des avions Hercule ravitailleurs…

« Groupfie » devant une gigantesque moto de bois statufiée et nous voilà repartis le long du lac du Chevril après lequel nous virons à bâbord en direction de Tignes.

À cet instant, il faut vous dire que dans notre groupe, une moto manquait à l’appel: celle de Tristan. En effet, notre ami avait perdu ses clés en quittant notre hébergement le matin même et s’en est aperçu une heure plus tard dans une station service. Pourquoi cet oubli? Est-ce l’effet de substances douteuses introduites discrètement dans sa cigarette électronique et sur laquelle il est toujours en train de tirer de jour comme de nuit? Est-ce dû à la fatigue en rapport avec la chaleur excessive des derniers jours? On ne saura jamais…

Heureusement, Tristan connaissait le code PIN à rentrer pour redémarrer sa moto sans son transpondeur, car, par ailleurs, c’est un excellent spécialiste des mécaniques Harley et , peu de gens peuvent lui en apprendre sur le sujet. C’est donc près du lac de Tignes, ayant récupéré ses clés, qu’il nous a rejoint pour le pique-nique prévu, après sa négociation avec passe-partout. Retrouvailles, tape dans le dos, restauration sur le pouce et sieste!
L’endroit est calme, lumineux, reposant.

 

L’après-midi, après une longue montée et de multiples lacets en direction du col du Petit-Saint-Bernard, nous passons devant l’hospice du même nom à 2188 mètres d’altitude. Je comprends pourquoi certains préfèrent les « scratchs » à des lacets interminables! Bref, une fois en haut du col, on a une vue sur la vallée de l’Isère d’un côté et sur la Vallée d’Aoste, versant italien.

L’œil se remplit un instant de l’immensité des espaces alentours et nous plongeons sous la pluie, sur une belle route, vers « la Thuile », commune « rital-ienne » d’où la faute d’orthographe !. Petite dégustation de chocolat devant une pâtisserie, et en fin d’après-midi, âpres avoir vécu à nouveau une chaleur écrasante sur la route, nous arrêtons les moteurs devant notre refuge pour la nuit : « le vieux noyer ». Il s’agit d’une bâtisse imposante de plusieurs étages, probablement construite fin 19e et remaniée depuis. Sur une de ses poutres, est gravé dans le bois une croix de Malte, signe de la franc-maçonnerie, certainement laissé par un Compagnon du Devoir. Il faut noter qu’elle présente une charpente impressionnante, très travaillée, supportant des tonnes de lauzes.

Répartition des chambres, rafraîchissement, et hop, à nouveau sur les bécanes pour se rendre un peu plus haut à Saint-Nicolas, afin de dîner dans un petit hôtel restaurant très cosy, « le Vagneur ». Accueil par le patron et à table présentation classe des plats en français (avec un petit accent), de façon décontractée, presque anglaise. Très bonne soirée relaxante malgré l’ambiance orageuse à l’extérieur. Retour au refuge après une nouvelle séance nocturne d’ostéopathie pour ma pomme, prodiguée par ma chère Patricia, très soucieuse de me détendre pendant ce parcours…

Le lendemain matin, 1er juillet, après le réveil, un petit tour dans le jardin potager situé derrière la bâtisse, planté de multiples rosiers aux couleurs vives et variées, égayé de-ci de-là par des massifs de lupins bleus, et toujours au loin, les reliefs irréguliers de gigantesques montagnes se détachant sur le vert de la végétation proche.

Remerciements au couple fort charmant de petits vieux qui tenaient ce logis et nous faisons sauter la béquille pour prendre la route d’Aoste. Vient un stop d’une heure dans cette ville où l’empreinte française est partout présente dans les noms des rues ou sur les bâtiments principaux.

Mais c’est surtout la marque romaine qui impressionne par sa puissance et sa grandeur. Pour les passionnés d’histoire, c’est un régal ! Sont remarquables : l’arche d’Auguste, le pont romain, la porte prétorienne (principale), le théâtre romain, la crypte. Tout cela date de 25 ans avant Jésus-Christ, époque de l’empereur Auguste. Beaucoup à dire sur cette ville mais j’ai déjà été assez bavard. Nous réveillons nos moulbifs pour repartir dans l’Auguste vallée (le mot « Aoste » comme le mot « août » dérivent du mot latin « Augustus ».

La route longe une rivière au courant rapide: la « Dora Balnea ». Piquenique sur une des aires de repos voisines de cette rivière, le lieu ayant été repéré par Brigitte. Jo nous propose de nous séparer en deux groupes: un groupe que lui va emmener par une route plus longue et tortueuse et un autre qui prendra une route plus classique, guidé par Christian, avant de nous retrouver sur les bords du lac d’Orta, pour une éventuelle baignade.

Jo, Jean-Paul, Rose et moi-même, nous relançons sans traîner car le chemin sera long, et là mes amis, ça a commencé à décoiffer sous le casque! Jo et Jean-Paul se sont tapés une belle arsouille, et, pour les suivre, j’ai du souvent flirter avec la zone rouge. Au début, la route était relativement droite et facile. Mais dans les montagnes qui ont suivi, c’était une autre chanson. Ce ne fut pas la seule partie d’essorage de poignée de tout le séjour, d’ailleurs.

Dans les virolos, il fallait trajecter « à mort » pour ne pas embrasser le décor. Ma béquille criait à l’agonie du côté gauche et mon repose-pied hurlait son désespoir à droite. La moto dansait et ondulait entre mes jambes, son moteur rugissait à la sortie de chaque virage, elle se cabrait alors pour repartir à l’attaque du virage suivant, où, tel un fauve freinant au dernier moment, elle s’affaissait sur ses suspensions avant, pour ré accélérer en entrée de courbe… Instants magiques et grisants…

Nous stoppons à Mosso pour un moment de détente et laisser refroidir nos montures d’acier pendant qu’un un orage grondait dehors.

Avec les docteurs « ès sciences » des virolos de l’extrême, je me commande une limonade livrée dans une charmante petite bouteille en verre imprimé. Puis, après une partie de billard américain ou Jean-Paul ne voulait rien lâcher à Jo, nous sautons à nouveau sur nos tréteaux avec Rose, qui, elle aussi ne lâche rien, pour remettre les gaz, et là, Jo recommença à emmancher gravement, sachant que Jean-Paul allait le griller à la première occasion!
Nous retrouvons, moteurs fumants, l’autre groupe en fin d’après-midi à Belgirate, sur les bords du lac Majeur en train de siroter tranquillement un apéritif sur la terrasse de l’hôtel Milano. Cool!

Après rangement des valises dans les chambres- appartements proches je m’offre un « Spritz » Délicieuse boisson, largement consommée dans toute l’Italie et en particulier dans la Vénétie. C’est un mélange de Prosecco (vin blanc pétillant), d’eau de Seltz, et d’alcool plus ou moins amer, comme du Campari (teinte rouge) ou de l’Aperol (teinte orange).
A servir frais avec une rondelle de citron ou d’orange. À tomber!
Diner au même hôtel et passage à l’horizontale.

Le 2 juillet fut également une journée ou le mercure se mit à bouillonner dans les thermomètres. Nous nous étions levés tôt à quelques-uns, Jo, Jean-Paul, Mimi, Manu,Michel et moi-même pour découvrir d’un sommet voisin la vue panoramique sur le lac d’Orta et sur le lac Majeur. De là-haut, le regard portait à 40 ou 50 km à la ronde… Magique et majestueux.

Puis, regroupement avec le reste du peloton vers 11h pour un nouveau café. Plein dans une station-service et départ – un peu rapide de Jo – pour aller prendre le ferry-boat à Intra. Trois motos ne sont pas là mais nous rejoignent ,grâce à Christian, juste avant l’embarquement.

Nous traversons le lac Majeur pour descendre à Laveno Plus loin, passage à la la concession Harley de Lugano, mais à l’entrée de Lugano, notre groupe et coupé par un feu tricolore et , au redémarrage, PATRICIA part à droite ,en première, suivie de Mimi, le reste de la meute étant plus loin devant et non visible. Les amis situés derrière nous, eux, continuent correctement tout droit. Nous les rejoignons avec Mimi, mais Patricia, occupée à faire demi-tour n’a rien vu. Quelques centaines de mètres plus loin, je m’aperçois de l’absence de Patricia et propose à Christian de rechercher l’ égarée. Mais je ne la trouve pas car elle était partie à la gare! Après un moment d’égarement, le téléphone nous renseigne sur sa position et je repars en quête. Sous un cagnard terrible, je me trouve face à la gare mais point de Patricia et surtout gare à l’insolation ! Constatant mon égarement grandissant, car elle n’était pas dans les parkings à droite et à gauche de la gare, je la rappelle au téléphone et elle me propose de se rendre seule à la concession à grâce à son Gps. Ok. Je m’y rends directement de mon coté. Beaucoup d’embouteillages et de feux à passer avant de retrouver le groupe en train de déjeuner à côté de la concess, dans un magnifique local décoré dans un style honorant la gloire des bikers et des V-Twin: Le Daytona River.

Une demi-heure plus tard, la pauvre et courageuse Patricia arrive épuisée et en sueur, le regard hagard… Elle aura droit à une séance de massage- détente prodiguée par Michel, lui-même massé par Tristan, ce dernier étant papouillé par Jo.

De cette histoire d’égarement, je tire trois conclusions:

-Au moment de la perte du convoi, le mieux est de resté sur place, pour faciliter la recherche de ceux qui viendront vous retrouver.

-Dans notre cas, il y avait deux gares : une de chaque coté de la voie ferrée, c’est la raison qui explique que nous ne nous sommes pas vus.

-Enfin, le pire endroit pour s’égarer et se garer est la gare…!

Après récupération, un tour dans la concession adjacente et nous repartons suivre les bords reposant du lac de Lugano, avant de traverser les terres pour rejoindre les rives du lac de Côme.

A nouveau le bac (c’était l’époque de le passer), une deuxième traversée qui nous mènera à Bellagio. Pause et visite locale nous permettant de pénétrer dans le Grand Hôtel Villa Serbelloni, un 5 étoiles ou l’horloge du temps s’est arrêtée, et où nous, pauvres étincelles éphémères, nous ne pouvons que contempler les lustres d’un passé glorieux… Nous ressortons par les jardins après avoir longé la piscine.


Direction Côme par la route suivant le lac sur le versant oriental. Traversée rapide de la ville car il faut rejoindre Lugano pour un nouvel embarquement (nous avions pris beaucoup de retard sur l’horaire initialement prévu). Le soir, pizza pour tout le monde! Pour les uns avant la traversée, pour d’autres après celle-ci. Ce qui est certain, c’est que tout le monde l’a appréciée!
À quelques-uns, nous n’avions pas loin de 8h de moto dans les bottes… Vers minuit retour au bercail pour un hymne de rocailleux ronflements à la gloire de Morphée.

Le lendemain matin, visite des grands palaces voisins de Stresa dont: l’hôtel « Regina Palace », le « Grand Hôtel des îles Borromées » (elles sont au milieu du lac Majeur ), il date de 1861, Ernest Hemingway y avait une suite, et l’hôtel « Bristol ». Tous sont impressionnants de faste, de luxe, de raffinement dans leur décoration, qu’il s’agisse des lustres, des stucs, des tentures, des tableaux ou des poteries, des meubles…tout respire l’aisance et la grâce.

Un peu plus tard, à la mi-journée, un stop à Cannobio pour une visite des ruelles et un dernier pique-nique organisé par Jo au bord lac Majeur. Charmante bourgade avec son petit port de plaisance et aussi de vieux hôtels aux charmes plus discrets.

Après cette halte nous remontons au nord pour franchir la frontière avec la Suisse, tout en longeant la rive occidentale du lac. À nouveau, la montagne s’offre à nos gommes et nous entreprenons l’ascension qui nous mènera au milieu de vertes prairies, puis nous franchiront Disentis et le col de l’Oberalp dans le canton des Grisons. Avec Mimi et Michel, nous passons sous le nez de Jo et Jean-Paul sans les voir, et continuons notre migration vers Lucerne par une vallée sauvage et granitique sur une route départementale.
35 km avant Lucerne, n’y tenant plus, nous sautons sur l’autoroute voisine pour en terminer avec ce périple, car la fatigue se faisait sentir. À Lucerne, retrouvailles avec tous les potos pour investir un magnifique appartement en centre-ville.

Le soir, balade à pied et après un passage sur le Kapellbrücke (un pont en bois couvert de tuiles, de type médiéval, traversant l’embouchure de la Russ, dans le lac des Quatre-Cantons), nous déambulons et arrivons devant une brasserie pour un dîner au crépuscule sur une place dégagée, présentant une petite vue sur la rivière.

Endroit enchanteur, peut-être un plus cher qu’ailleurs mais les plats et le service étaient de qualité. Très bon moment et vers minuit nous regagnons notre moderne “home”.
Notre ami Michel- Adam nous confirme qu’il dort dans la tenue de son nouveau prénom, sauf que là, il partage le même lit que Jo!
Au matin, après une nuit courte et calme, c’est l’heure des séparations, le groupe se scindant en plusieurs entités aux destins différents. Jo et Mimi se dirigent sur St Claude, royaume des pipes. Pour ma part, je remonte sur Paris avec Michel, Tristan, Christian, Patricia et Rose, notre cohorte étant menée par le centurion Tristan. Puis je passe en mode « go-fast » avec Rose, ayant un impératif d’horaire pour arriver à Chantilly.


Voilà, fin de ce périple qui nous a permis de côtoyer 12 lacs, de franchir 15 cols, en parcourant près de 3000 km, effectués sous un cagnard à plomber n’importe quel pékin, mais riche en paysages grandioses, en endroits fascinants de beauté, demandant certes beaucoup d’attention quant à la conduite de nos brèles et exigeant avec les nerfs.
Mets le groupe est resté soudé et nous en sommes tous ressortis un peu plus forts, la mémoire peuplée de grands souvenirs.

À bientôt les amis pour un nouveau run.

Didier Manchon « Historian »